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Thème (pre-release)
01:27
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THÈME
(par Laurence Vielle)
À l’aube ils arrivèrent tous trois à l’orée de la forêt.
Y trônait le chapiteau d’un Cirque minuscule.
Ils y entrèrent, curieux.
Les clowns étaient en pleine répétition.
Au milieu, un trône. Au-dessus, un énorme soleil riait.
Deux clowns, dans le plus simple appareil, chantaient : « Alouette, gentille alouette… »
Ils entendirent alors des applaudissements.
Ils venaient de la scène.
On les accueillit avec enthousiasme et un « On vous attendait ».
Ils étaient tous les cinq, maintenant, à répéter un numéro insolite, à se tordre de rire !
Le but du jeu était de regarder de bas en haut la voûte du chapiteau et de compter une à une les étoiles qui l’ornaient.
Celui qui se trompait recevait une tarte à la crème.
Quand ils furent fin prêts et le numéro bien au point, ils se rendirent compte que des dizaines d’enfants les observaient depuis le début et riaient, riaient !
Ils étaient contents.
Ils donnèrent au chapiteau un nom : « le Cirque du Soleil et de la Source », et tous les enfants de la région vinrent s’y délecter et s’y abreuver…
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2. |
La Lutte (pre-release)
03:42
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LA LUTTE
Un homme sur le fleuve descend d’une embarcation.
Il arrive dans un lieu où se trouve un temple.
Là, tout est ordre, propreté, silence.
L’homme pourtant se sent bouleversé, sale et fait du bruit.
S’approche alors de lui le plus petit des moines qui lui demande pourquoi il fait tant de bruit : pour croire exister ?
L’homme prend un bâton et défie le moine. Celui-ci prend à son tour un bâton plus gros et se poste devant lui, immobile et impassible.
L’homme prend alors un bâton plus gros encore, et épais, fait avec le bois le plus robuste que l’on puisse trouver dans ce lieu. Le moine, toujours avec la même imperturbable attitude, ne prend pas un bâton, mais déracine l’arbre le plus solide de l’endroit.
Ahuri, l’homme fouille dans ses poches et trouve une toute petite allumette, prêt à incendier l’arbre. Le moine, toujours avec le même regard, la même expression éteinte, emplit ses poumons et, soufflant doucement, arrache l’allumette des mains de l’homme. Tout à coup il fait froid et il commence à pleuvoir.
L’homme tombe à terre, dans l’espace boueux qui se crée à ses pieds. Et pleure.
Le moine pose l’arbre, s’approche de lui et, quand l’homme lève les yeux, quelle surprise : ce visage, d’abord impassible, sourit à présent, chaleureux.
Viens, lui dit-il, nous t’attendions.
Aidé par le moine, l’homme se relève et essuie ses larmes. Cesse aussi la pluie.
Le moine derrière lui, l’homme réalise que le Temple est tout autour d’eux, que les moines semblent en nombre et qualité infinis… et qu’ils étaient là depuis le début, à lutter à ses côtés tout en ne prenant pas parti dans le combat.
Beaucoup de temps passe.
Une nouvelle embarcation aborde les rives du Temple.
Aujourd’hui c’est jour de fête : tout est danse, chants, invocations… à manger et à boire à volonté… Tout l’espace est empli de gens joyeux, de vêtements colorés, d’instruments de musique et jouets…
Cela devait finir ainsi.
Cela commença ainsi.
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3. |
Reprise (pre-release)
00:46
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REPRISE
(avec Laurence Vielle)
Après cette longue nuit, à l’aube, ils retrouvèrent l’arbre qui cachait la forêt.
Des clowns y donnaient un spectacle, dedans, à l’intérieur de l’arbre !
Des enfants par dizaines applaudissaient et riaient face à ce numéro hors norme que ces clowns, dans leur plus simple appareil, mimaient : ils devaient regarder la voûte céleste du chapiteau et y dénombrer les étoiles : celui qui se trompait recevait une tarte à la crème invisible !
Ils repartirent à la fin du jour, rassasiés de ce spectacle insolite et se promirent de revenir au « Cirque du Soleil et de la Source ».
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4. |
Le pêcheur (pre-release)
06:54
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LE PÊCHEUR
Le vieux pêcheur était revenu peu avant l’aube.
Dans le port, un chien remuait sa queue d’avoir de la compagnie en cette fin de nuit.
Le vieil homme noua les amarres et descendit de son bateau, il vacillait, comme ivre des étendues traversées.
Il manquait au village depuis 19 jours et il revenait bredouille.
Pas un seul poisson à ramener chez lui, à sa femme et ses six enfants, pas la moindre marchandise non plus à vendre au marché.
Pêché, il avait pourtant pêché !
C’était ainsi d’ailleurs qu’il avait pu se nourrir 19 jours durant.
La nuit, le roulis de la coque, le vent et la houle emportaient son chant, oui, parce que le vieux pêcheur aimait par-dessus tout une chose : chanter.
La pêche, le travail, sillonner la mer pour en retirer nourriture pour les siens et ceux des villageois qui le rétribuaient, tout cela était un peu contre sa nature, finalement.
Ce qu’il affectionnait tant dans ses échappées en solitaire, c’était justement ces moments qu’il pouvait passer seul loin de tous et de tout.
Le silence des hommes.
Le seul bruit de l’eau et des éléments, le scintillement des étoiles.
Alors, avec sa flûte, il composait l’air d’un chant. Puis avec sa guitare il improvisait d’autres mélodies sur lesquelles il mettait parfois des mots, et parfois juste des sons.
A-ye – A-ye – AA-Ou
A-ye – A-ye – A-ye – AA-Ouuu!
Cela durait quelques heures, puis il s’endormait.
Le jour, il travaillait et remplissait peu à peu son filet.
Sauf cette fois-là, où il abandonna travail, filet et proies… À la mer…
Il était revenu, conscient que quelque chose de profond en lui avait changé.
À l’approche du village, un petit pincement, et la crainte du retour, du regard des autres sur lui, de sa famille, de ses amis, lui le pêcheur modèle revenu apparemment sans rien.
Mais quel était donc ce rien qui illuminait son visage ? qui étirait ses deux bouches, la supérieure et l’inférieure, vers le haut, pour l’amener à sourire autant ?
Dans le creux des vagues et de la nuit, il avait trouvé son origine et sa destination, ainsi que l’origine et la destination de ses chants.
Qu’il oriente sa voix vers l’Est, c’était comme un hululement de loup qui venait de l’Ouest.
Qu’il l’oriente vers le Sud, et l’air frais du Nord semblait lui répondre.
Et lui, au Centre.
Il tournait sa voix vers le ciel, très haut, jusqu’à l’étoile qui fixe la coupole, et c’étaient ses pieds qui semblaient vibrer, comme touchés par un retour venant du plus bas.
Le centre de son corps tressaillait, axe fixe qui s’est trouvé, base et support de tout le reste.
19 nuits durant son chant l’avait ainsi porté.
Il en avait presque perdu la voix tandis qu’il descendait de son bateau, tout le village encore endormi, avec seul ce chien qui remuait sa queue pour compagnie.
Il tenta de lui parler d’abord, mais rien ne vint.
Il essaya même de glapir et d’aboyer, pour parler son langage, mais nul son ne sortit.
Le chien vint se frotter à ses jambes, comme un félin, puis, alors qu’il se baissait pour le caresser, lui lécha les mains.
La gueule grande ouverte le chien lui léchait les mains.
Il s’assit sur le quai, l’animal resta près de lui.
Ensemble, ils virent naître l’aurore.
crédits
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5. |
Coda (pre-release)
00:28
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CODA
(avec Laurence Vielle)
rois clowns se lançaient des tartes à la crème invisibles pendant que des enfants, dans le plus simple appareil, riaient ! riaient !
Un oiseau majestueux vint interrompre le spectacle et chanta « Alouette, gentille alouette ! »
Tous décidèrent de revenir dans ce Cirque joyeux où tellement d’étoiles scintillaient devant leurs yeux…
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6. |
Naissance (pre-release)
03:55
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NAISSANCE
(featuring Gioia Giannoni)
Je te disais :
N’attends pas qu’on t’ouvre la porte,
Sois la porte
Je te disais:
De tes corps millénaires j’ai gardé le souvenir,
La saveur de ta peau, les battements sous ta peau
Je te disais :
L’amour est une chose sérieuse,
Et nous rions, nous rions
Je te disais :
Si tes yeux sont comme l’ambre, et mon cœur ce quartz fou
Il nous faudra qu’à l’aurore Cela en nous se rassemble
Je te disais et tu disais :
Pourquoi autant de temps ?
Pourquoi autant de vies ?
Pourquoi autant d’envies ?
Pourquoi autant de détours ?
Et pourquoi tous ces pourquoi ?
Tu disais et je te disais :
Dans le cœur d’or de moi et non moi
Je te fais une promesse
Et cette promesse jaillit de notre nuit
De tous les temps, mêlés
Parce qu’il n’y a pas de temps
De toutes ces vies vécues
Parce qu’il n’y a qu’une vie
De toutes ces envies croisées
Car le désir de l’Aimé est comme celui de l’Amant
De tous ces chemins parcourus
Parce que nul détour ne dévie, vraiment
Voilà pourquoi
Et le pourquoi de tous ces pourquoi
Je te disais et tu me disais :
Sans nul doute, de mes rêves, tous
Il en est un que j’espère
Du fauve il a les dents
Le regard incendié de celui qui a vu l’étoile
Le poil doux et rêche tout à la fois
Et l’odeur du sacré,
Sapin sous la terre
Tabac mouillé
Sauge d’air
Et cèdre qui brûle
Tu me disais, je te disais, tu me disais, je te disais
Alors
Immenses minuscules âmes
Juchées sur les membres déployés
De l’oiseau aux mille tonnerres
Nous retournions ces phrases
Dans nos bouches sans langue
Les faisant passer de l’une à l’autre
Dans cet innommable baiser
Alors
Nous devenait Nous
Vraiment
Ni Je ni Toi, ni Tien ni Mien
Que l’aube écarlate éclaire vraiment, enfin
Que le soleil à son coucher plus jamais ne désespère
Que la rose une et multiple
De l’ineffable jardin
Cueille cette main nouvelle
Elle a dix doigts dix orteils
Et elle marche comme elle court
Ne saisit rien
Et l’ombre, la mue, le vent
Que l’obligé devienne le conquis
Libre claquement d’ailes
Un océan de lumière
Silence
Occupe à présent
Cet espace infini
De notre naissance
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7. |
Gioia
01:30
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maelstrÖm reEvolution Brussels, Belgium
maelstrÖm signifie «gouffre», «tourbillon»...
Maelström est né en 1990 comme groupe ouvert d’artistes,
poètes et écrivains en tout genre, entre Rome, Bruxelles et Paris. En 2003, Maelström est devenu une maison d’édition. Le 22 ET le 23 avril 2009, Maelström éditions devient maelstrÖm reEvolution!
Bienvenus dans le tourbillon! nous vous y attendions…
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